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Programme de perfectionnement professionnel des membres des conseils scolaires


Module 16 — Les conseillères et conseillers scolaires des Premières Nations : leur double rôle et leurs responsabilités particulières

Dernière mise à jour : décembre 2019

Conception de la vidéo : 2014

Les conseillères et conseillers scolaires des Premières Nations : leur double rôle et leurs responsabilités particulières
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DANS CE MODULE, LES MEMBRES DES CONSEILS SCOLAIRES VONT EXAMINER :

  • Le double rôle des conseillères et conseillers scolaires des Premières Nations
  • Les responsabilités particulières de ces conseillères et conseillers
    • Envers la communauté des Premières Nations
    • Envers le conseil scolaire
  • Des données sur les élèves autochtones en Ontario
  • La responsabilité de défendre les intérêts des élèves autochtones qui incombe à tous les membres du conseil

REMARQUE : Dans ce module, les termes « Autochtones » et « Premières Nations, Métis et Inuits » sont interchangeables.

La vidéo ci-après a été conçue en 2014. Elle présente des conseillères et conseillers des Premières Nations qui font part de leur expérience, de leurs points de vue et de leur travail en vue d’appuyer et de promouvoir la réussite des élèves autochtones. Veuillez noter que les données du recensement qui y sont mentionnées peuvent avoir changé.

LE DOUBLE RÔLE DES CONSEILLÈRES ET CONSEILLERS DES PREMIÈRES NATIONS

Les conseillères et conseillers scolaires des Premières Nations (aussi appelés « conseillères et conseillers représentant les intérêts des élèves autochtones ») remplissent un rôle particulier, qui s’ajoute au rôle et aux responsabilités d’ordre général qui leur incombent à titre de membres d’un conseil scolaire.

Les conseillères et conseillers des Premières Nations sont désignés par leurs communautés pour les représenter au conseil scolaire. Ils ont la responsabilité particulière de défendre les intérêts des élèves autochtones qui fréquentent les écoles du conseil en vertu d’une entente de services d’éducation ou de l’approche réciproque en éducation. Comme le prévoit le Règlement de l’Ontario 462/97 – Représentation des Premières Nations au sein des conseils, la représentation des Premières Nations est déterminée d’abord par l’existence d’une ou plusieurs ententes de services d’éducation ou par l’approche réciproque en éducation, puis par le nombre d’élèves autochtones qui fréquentent les écoles du conseil.

Les ententes de services d’éducation

Une entente de services d’éducation (ESE) est conclue par un conseil scolaire et une Première Nation (ou sa commission de l’éducation) afin que des élèves qui vivent dans une réserve fréquentent une école financée par le gouvernement provincial. Une entente de réciprocité sur les services d’éducation (ERSE) est conclue par une Première Nation (ou sa commission de l’éducation) et un conseil scolaire afin que des élèves du conseil fréquentent une école administrée par la Première Nation ou le gouvernement fédéral. À un premier niveau, une ESE est un contrat d’achat de services prévoyant que le conseil scolaire, contre le paiement de frais convenus, fournira des locaux, des programmes d’enseignement et des services spécialisés à des élèves autochtones. À un second niveau qui est tout aussi important, cette entente témoigne de la relation et du respect mutuel entre la communauté des Premières Nations et le conseil scolaire, et elle précise comment les deux parties vont collaborer afin d’offrir la meilleure éducation possible aux élèves autochtones. De nos jours, au lieu de considérer une ESE comme un simple contrat de services, un conseil scolaire peut y voir un outil positif permettant d’établir avec une Première Nation des relations fondées sur la réciprocité et le respect pour une histoire commune. Les ESE et les ERSE varient en fonction des types de services et de programmes qui sont déterminés d’un commun accord par la communauté des Premières Nations et le conseil scolaire. Une fois qu’une entente est en place, le conseil scolaire ou la Première Nation a l’obligation d’offrir les services et les programmes qu’elle prévoit.

En plus de remplir ses obligations en vertu d’une ESE, le conseil scolaire doit se conformer à certaines obligations générales, qui consistent à offrir :

  • Un accès équitable aux services d’éducation et des possibilités d’apprentissage qui sont les mêmes pour tous les élèves et répondent aux attentes du gouvernement provincial
  • Un milieu d’enseignement et d’apprentissage qui respecte et promeut la culture autochtone et l’histoire commune
  • Des efforts en vue de recruter, de maintenir en poste et de promouvoir des enseignantes et enseignants et des membres du personnel de soutien autochtones
  • Des programmes d’enseignement concernant la culture, la langue et les territoires autochtones
  • Des rapports définis et transparents à son comité consultatif des Premières Nations et à chaque Première Nation (ou commission de l’éducation)
  • La possibilité pour chaque Première Nation de participer à la vie des écoles fréquentées par ses élèves
L’approche réciproque en éducation

En septembre 2019, les articles 185 et 188 de la Loi sur l’éducation ont été modifiés afin d’établir l’approche réciproque en éducation (ARE). L’article 185 traite des situations où des élèves ne résidant pas dans une réserve souhaitent fréquenter une école qui est administrée par une Première Nation ou le gouvernement fédéral et qui est située à l’intérieur ou à l’extérieur d’une réserve. Ces situations faisaient auparavant l’objet d’ententes appelées « ententes de réciprocité sur les frais de scolarité ». L’article 188 traite des situations où des élèves qui résident ordinairement dans une réserve souhaitent fréquenter une école d’un conseil scolaire.

L’ARE vise à élargir l’accès à l’éducation pour les élèves des Premières Nations et à donner plus de choix aux parents ou tuteurs quant au type d’éducation répondant le mieux aux besoins des enfants. Aux termes de l’ARE, lorsque des exigences précises sont respectées, un conseil scolaire est tenu d’adopter une approche centrée sur l’élève en prenant les mesures suivantes :

  • Inscrire les élèves autochtones admissibles qui souhaitent fréquenter une école du conseil
  • Aider les élèves admissibles du conseil qui souhaitent fréquenter une école administrée par une Première Nation ou le gouvernement fédéral, sous réserve des politiques d’admission de cette école

Dans le cadre de l’ARE, toutes les ESE et les ERSE conclues avant le 1er septembre 2019 peuvent rester en vigueur jusqu’à leur expiration ou leur résiliation. De plus, les parties peuvent continuer de conclure de telles ententes.

Le rôle des conseillères et conseillers des Premières Nations

Chaque conseillère ou conseiller des Premières Nations joue un rôle essentiel pour représenter les intérêts de sa communauté au sein du conseil scolaire et pour veiller à ce qu’il y ait un dialogue entre sa communauté et le conseil au sujet du travail de ce dernier et, en particulier, des questions touchant les élèves autochtones.

En vertu du Règlement de l’Ontario 462/97 – Représentation des Premières Nations au sein des conseils, les conseillères et conseillers des Premières Nations sont désignés par la communauté qu’ils représentent et nommés par le conseil. Ils sont considérés comme des membres élus du conseil, avec tous les droits et toutes les obligations rattachés à cette charge.

Chaque conseillère ou conseiller des Premières Nations partage les responsabilités suivantes avec les autres membres du conseil :

  • Assurer la gouvernance du conseil scolaire en étant à l’écoute de toutes les communautés du district
  • Agir dans l’intérêt supérieur de tous les apprenants du district
  • Défendre activement les intérêts des élèves ainsi que leur apprentissage et leur bien-être dans ses rapports avec les communautés, les municipalités et le gouvernement provincial
  • Promouvoir la confiance de la population dans l’éducation financée par les fonds publics en communiquant les objectifs et les réalisations du conseil

Le conseil est chargé de définir l’orientation globale du système scolaire. Il s’acquitte de cette responsabilité en établissant un plan stratégique pluriannuel et en le révisant chaque année. Il assure également l’orientation du système grâce à ses processus de planification, d’élaboration, de mise en œuvre et d’évaluation des politiques. Enfin, dans son budget annuel, les orientations qu’il a approuvées déterminent l’attribution des ressources aux écoles et aux programmes.

Le conseil, par l’entremise de la direction de l’éducation, tient le système scolaire pour responsable de la réalisation des résultats définis grâce à son processus de planification. Il peut ensuite rendre des comptes à la population et au gouvernement provincial au sujet du rendement du système scolaire et des écoles.

En plus de partager ces responsabilités avec les autres membres du conseil et de prendre part aux décisions que prend le conseil, chaque conseillère ou conseiller des Premières Nations veille à ce que le conseil tienne compte des intérêts des élèves autochtones.

Les responsabilités particulières des conseillères et conseillers des Premières Nations

Chaque conseillère ou conseiller des Premières Nations assume les responsabilités particulières suivantes :

  • Surveiller la négociation de l’entente de services d’éducation
  • Veiller à ce que les actions du conseil scolaire soient conformes à l’entente de services d’éducation
  • S’assurer que les deux parties à l’entente respectent leurs obligations
  • Voir à ce que des mécanismes soient en place pour assurer efficacement la responsabilisation envers la communauté des Premières Nations
  • Faire en sorte qu’une éducation scolaire et culturelle de haute qualité soit offerte aux élèves autochtones
  • Veiller à ce que les élèves autochtones soient à l’abri de tout harcèlement et de toute manifestation de racisme dans les écoles du conseil

Les conseillères et conseillers des Premières Nations sont aussi bien placés pour encourager la participation des parents et des communautés autochtones à l’éducation de leurs enfants dans les écoles du conseil scolaire. Ce principe fait partie intégrante du Cadre d’élaboration des politiques de l’Ontario en éducation des Premières Nations, des Métis et des Inuits (2007‑2017).

Certaines ententes de services d’éducation prévoient une représentation des Premières Nations au Comité consultatif pour l’enfance en difficulté (CCED) du conseil scolaire. Lorsqu’un conseil doit comprendre une conseillère ou un conseiller des Premières Nations, son CCED doit aussi inclure une conseillère ou un conseiller des Premières Nations pour représenter les intérêts des élèves autochtones. De même, de nombreux conseils scolaires ont un comité consultatif des Premières Nations, qui offre une tribune pour discuter des enjeux relatifs à l’éducation des Autochtones. Lorsqu’un conseil comprend une conseillère ou un conseiller des Premières Nations, il peut se doter d’un tel comité. La conseillère ou le conseiller des Premières Nations assume habituellement la présidence ou la coprésidence de ce comité, dont les membres incluent une représentante ou un représentant de chacune des Premières Nations ayant des élèves dans les écoles du conseil. De plus en plus souvent, ce comité est également chargé d’examiner des programmes à l’intention des élèves métis et inuits ainsi que d’autres questions touchant ces élèves.

Les responsabilités de chaque membre du conseil

Bien que les conseillères et conseillers des Premières Nations aient pour rôle primordial de représenter les intérêts des élèves autochtones, ils doivent aussi, comme tous les autres membres du conseil, rester axés sur le rendement et le bien-être des élèves et prendre part à des décisions avantageuses pour l’ensemble du district, tout en représentant les intérêts de leur communauté. Ils doivent aussi interpréter le point de vue et les décisions du conseil lorsqu’ils en rendent compte à leur communauté. Il importe qu’ils sachent qu’ils peuvent bénéficier du soutien et des conseils de la direction de l’éducation et des cadres supérieurs, et qu’ils connaissent bien les politiques du conseil pouvant s’appliquer aux questions dont ils discutent avec les membres de leur communauté.

Une conseillère ou un conseiller scolaire est un membre d’une équipe – le conseil scolaire. Seul le conseil a le pouvoir de prendre des décisions ou des mesures; à titre individuel, les conseillères et conseillers ne sont pas investis de ce pouvoir. Bien que chaque membre du conseil représente une communauté, il a la responsabilité de participer à l’élaboration des politiques et à la planification stratégique dans l’intérêt de tous les élèves du district, afin de promouvoir leur rendement et leur bien-être. C’est ainsi que tous les membres du conseil ont la responsabilité de défendre les intérêts des élèves autochtones qui fréquentent les écoles du conseil.

LES ÉLÈVES AUTOCHTONES EN ONTARIO

Les élèves des Premières Nations en Ontario

D’après le recensement du Canada de 2016, quelque 236 680 membres de Premières Nations vivent en Ontario. Environ 23 % de ces personnes vivent dans une réserve. Il y a 133 communautés distinctes de Premières Nations en Ontario. À l’extérieur des réserves, environ 77 % des membres des Premières Nations vivent en milieu rural ou, principalement, en milieu urbain. Toujours d’après le recensement, parmi les membres des Premières Nations de l’Ontario, la population d’âge scolaire (âgée de 5 à 19 ans) s’élève à 62 840 personnes.

Les élèves autochtones qui habitent dans une communauté des Premières Nations fréquentent soit les écoles de leur communauté, soit des écoles provinciales financées par les fonds publics. Les communautés des Premières Nations administrent un nombre important d’écoles et de programmes d’éducation alternative, en majorité au palier élémentaire. De plus, le gouvernement fédéral administre actuellement six écoles de la 1re à la 8e année en Ontario, dans deux communautés : le territoire mohawk de Tyendinaga, près de Belleville, et les Six Nations de la rivière Grand, près de Brantford.

La responsabilité financière de l’éducation des élèves des Premières Nations qui résident dans une communauté des Premières Nations incombe à Services aux Autochtones Canada, que ces élèves fréquentent l’école de leur communauté ou une école financée par les fonds publics.

Comme on l’a déjà signalé, lorsque des élèves des Premières Nations vivant dans une communauté des Premières Nations fréquentent une école administrée par un conseil scolaire ou une administration scolaire, ils le font en vertu de l’approche réciproque en éducation ou d’une entente de services d’éducation – une entente juridique et exécutoire – qui est encore en vigueur.

Comme l’indiquent les données du recensement, une grande proportion des élèves des Premières Nations vivent à l’extérieur des communautés des Premières Nations, souvent en milieu urbain. Ces élèves ont déménagé avec leurs parents dans des villes ou ils y sont nés. Le défi des conseils scolaires est d’encourager l’auto-identification volontaire et confidentielle de ces élèves, en vue de connaître leur nombre pour être en mesure d’établir des plans et d’affecter des ressources afin de répondre à leurs besoins particuliers et de faire honneur à leur identité d’enfants et de jeunes des Premières Nations. Des politiques sur l’auto-identification volontaire et confidentielle sont élaborées en collaboration avec les communautés des Premières Nations, et elles doivent prévoir comment les données sont recueillies, conservées, utilisées et partagées avec ces communautés.

Les élèves métis en Ontario

D’après le recensement du Canada de 2016, quelque 120 585 Métis vivent en Ontario. Le recensement indique également que, chez les Métis de l’Ontario, la population d’âge scolaire (âgée de 5 à 19 ans) s’élève à 26 135 personnes.

Les Métis sont un peuple autochtone distinct ayant une histoire, une culture et une langue particulières ainsi qu’un territoire qui lui est propre, qui inclut les voies navigables de l’Ontario et le pourtour des Grands lacs en plus de couvrir la région qu’on appelait autrefois le Nord-Ouest. Bien qu’il n’existe pas de consensus sur les critères permettant de définir avec exactitude le terme Métis, les Métis sont officiellement reconnus parmi les peuples autochtones du Canada par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Dans une décision unanime concernant les droits d’une famille appartenant à la communauté métisse de Sault Ste. Marie, la Cour suprême du Canada a confirmé qu’il existe des communautés métisses au Canada et que leurs droits ancestraux existants sont garantis par la Constitution.

Le terme Métis figurant à l’article 35 de la Constitution ne vise pas toutes les personnes d’ascendance mixte autochtone et européenne, mais plutôt « les peuples distincts qui, en plus de leur ascendance mixte, possèdent leurs propres coutumes, façons de vivre et identité collective reconnaissables et distinctes de celles de leurs ancêtres indiens ou inuits d’une part et de leurs ancêtres européens d’autre part ». La Cour suprême n’a pas formulé de définition exhaustive du terme Métis pouvant servir à toutes fins utiles, mais elle a déterminé un moyen fondamental permettant d’identifier les Métis titulaires de droits, qui repose sur trois grands facteurs : l’auto-identification, les liens ancestraux avec une communauté métisse historique ainsi que l’acceptation par la communauté.

  • L’auto-identification – La personne doit s’identifier comme étant membre d’une communauté métisse. Toutefois, cela ne suffit pas : elle doit aussi prouver que ses ancêtres appartenaient à une communauté métisse historique.
  • Les liens ancestraux – Un Métis titulaire de droits doit faire la preuve de liens ancestraux avec la communauté métisse historique dont il exerce les droits collectifs.
  • L’acceptation par la communauté – La personne doit prouver qu’elle est acceptée par la communauté moderne. L’appartenance à une organisation politique métisse peut se révéler pertinente à cet égard, mais il faut alors fournir également des preuves des conditions d’adhésion à l’organisation et du rôle que joue cette dernière au sein de la communauté métisse. Ces preuves doivent pouvoir « se vérifier objectivement », c’est-à-dire qu’elles doivent être fondées sur des documents et qu’il doit y avoir un processus équitable pour établir l’acceptation par la communauté.

La Cour suprême a déclaré que l’inclusion des Métis dans les peuples autochtones du Canada visait à reconnaître et à valoriser les cultures métisses distinctives et à favoriser leur survie.

Comme c’est le cas pour les élèves des Premières Nations, tous les conseils scolaires de l’Ontario ont une politique sur l’auto-identification volontaire et confidentielle, qui s’applique également aux élèves métis et inuits et est élaborée en consultation avec les communautés métisses et inuites.

Les élèves inuits en Ontario

D’après le recensement de 2016, il y a 3 860 Inuits en Ontario. Le recensement indique également que, chez les Inuits de l’Ontario, la population d’âge scolaire (âgée de 5 à 19 ans) s’élève à 1 125 personnes. La majorité de ces élèves vivent dans la région d’Ottawa et fréquentent des écoles d’Ottawa. Dans l’ensemble du Canada, la grande majorité des Inuits vivent dans des communautés réparties entre le Nunatsiavut (au Labrador), le Nunavik (au Québec), le territoire du Nunavut et la région désignée des Inuvialuits (dans les Territoires du Nord-Ouest). Chacun de ces quatre groupes d’Inuits a obtenu le règlement de ses revendications territoriales. Les régions occupées par les Inuits couvrent le tiers de la masse terrestre du Canada.

Le mot Inuit signifie « les gens » en inuktitut (langue des Inuits); c’est le terme par lequel les Inuits se désignent eux-mêmes. Les Inuits sont le peuple autochtone de l’Arctique canadien. Pour comprendre en partie les difficultés auxquelles font face les familles inuites dans le domaine de l’éducation, il est nécessaire de passer en revue certains des changements sociaux rapides qui se sont produits au cours des 60 dernières années. Jusque dans les années 1950, la majorité des Inuits vivaient essentiellement en petits groupes semi-nomades, qui se nourrissaient des ressources de la terre et de la mer. Pendant les années 1950, les Inuits ont été relocalisés dans des communautés où leurs enfants ont été assimilés dans le système d’éducation canadien, soit dans des pensionnats, soit dans des écoles bâties dans les communautés du Nord au cours des années 1960.

Dans ces écoles, on décourageait activement les enfants de parler l’inuktitut; l’assiduité des élèves était assurée par la Gendarmerie royale du Canada, et les programmes d’enseignement étaient conformes aux programmes réguliers utilisés dans le sud du Canada. De plus, l’apprentissage des enfants était fortement perturbé lorsque les familles quittaient leurs campements éloignés pour s’établir dans les communautés où se trouvaient les écoles afin de rester en contact avec leurs enfants. Beaucoup d’Anciens et de parents inuits, surtout dans les petites communautés, ne pouvaient pas comprendre pourquoi les aînés de leurs enfants, qui étaient en pleine forme et auraient pu les aider, devaient passer leurs journées assis à l’école afin d’apprendre des choses qui ne leur seraient jamais utiles dans la vie (selon la conception qu’ils s’en faisaient). Dès que les enfants atteignaient l’âge légal pour quitter l’école, de nombreuses familles les encourageaient à se joindre à elles pour chasser et assurer leur subsistance.

Ces changements extrêmement rapides ont eu un impact marqué sur les enfants inuits et leurs familles, mais l’adaptation des jeunes à la vie scolaire et leur réussite à l’école témoignent de la résilience de cette communauté. Chez les élèves inuits, les taux de réussite scolaire et d’obtention du diplôme sont en hausse constante, et l’inuktitut est l’une des langues autochtones les plus parlées au Canada.

LA RESPONSABILITÉ PARTAGÉE DE L’ÉDUCATION DES AUTOCHTONES DANS LES ÉCOLES DE L’ONTARIO

Le rôle des conseils scolaires

En plus de remplir leurs obligations en vertu de l’approche réciproque en éducation et des ententes de services d’éducation, les conseils scolaires ont la possibilité de jouer un rôle important dans l’élaboration de programmes pédagogiques qui répondent aux besoins particuliers des élèves autochtones, tant à l’élémentaire qu’au secondaire. Ils ont également la possibilité de consulter les leaders locaux des Premières Nations, des Métis et des Inuits et de les faire participer à la création de programmes pédagogiques à l’intention de tous les élèves. Ces programmes font ressortir les avantages pour les élèves, les communautés et la société dans son ensemble d’avoir des expériences d’apprentissage faisant appel à la richesse des cultures, des histoires, des perspectives et des visions du monde des Premières Nations, des Métis et des Inuits.

Le Cadre d’élaboration des politiques de l’Ontario en éducation des Premières Nations, des Métis et des Inuits (2007‑2017) établit le contexte stratégique dans lequel le ministère de l’Éducation, les conseils scolaires, les écoles ainsi que les partenaires et les communautés autochtones collaborent en vue d’améliorer le rendement scolaire des élèves autochtones.

Il appartient à tous les membres d’un conseil scolaire – et pas seulement aux conseillères et conseillers des Premières Nations – de contribuer à créer la vision et à définir l’orientation stratégique qui guideront le conseil et ses écoles. À titre de représentant des élèves autochtones, une conseillère ou un conseiller des Premières Nations est tout à fait en mesure de veiller à ce que la culture autochtone fasse partie de cette vision et à ce que l’orientation stratégique du conseil tienne compte des intérêts des Autochtones.

Les communautés autochtones souhaitent trouver des moyens de promouvoir et d’appuyer la réussite et le bien-être de leurs enfants. Tous les membres du conseil ont un rôle à jouer lorsqu’il s’agit de représenter les élèves autochtones et leurs familles à la table du conseil, de veiller à ce que leurs points de vue soient entendus et de promouvoir la réussite et le bien-être de ces élèves.

La Commission de vérité et de réconciliation

En 2015, la Commission de vérité et de réconciliation a publié son rapport final. Les appels à l’action qui y figurent représentaient le plan de la Commission pour que les Canadiens travaillent ensemble afin de bâtir un avenir meilleur pour les Autochtones au Canada. Deux de ces appels à l’action portaient particulièrement sur l’éducation, soit les numéros 62 et 63 :

  1. Nous demandons aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, en consultation et en collaboration avec les survivants, les peuples autochtones, et les éducateurs, de :

    1. rendre obligatoire, pour les élèves de la maternelle à la douzième année, l’établissement d’un programme adapté à l’âge des élèves portant sur les pensionnats, les traités de même que les contributions passées et contemporaines des peuples autochtones à l’histoire du Canada;
    2. prévoir les fonds nécessaires pour permettre aux établissements d’enseignement postsecondaire de former les enseignants sur la façon d’intégrer les méthodes d’enseignement et les connaissances autochtones dans les salles de classe;
    3. prévoir le financement nécessaire pour que les écoles autochtones utilisent les connaissances et les méthodes d’enseignement autochtones dans les salles de classe;
    4. créer des postes de niveau supérieur au sein du gouvernement, à l’échelon du sous-ministre adjoint ou à un échelon plus élevé, dont les titulaires seront chargés du contenu autochtone dans le domaine de l’éducation.
  2. Nous demandons au Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) de maintenir un engagement annuel à l’égard des questions relatives à l’éducation des Autochtones, notamment en ce qui touche :

    1. l’élaboration et la mise en œuvre, de la maternelle à la douzième année, de programmes d’études et de ressources d’apprentissage sur les peuples autochtones dans l’histoire du Canada, et sur l’histoire et les séquelles des pensionnats;
    2. la mise en commun de renseignements et de pratiques exemplaires en ce qui a trait aux programmes d’enseignement liés aux pensionnats et à l’histoire des Autochtones;
    3. le renforcement de la compréhension interculturelle, de l’empathie et du respect mutuel;
    4. l’évaluation des besoins de formation des enseignants relativement à ce qui précède.

Le gouvernement de l’Ontario s’est engagé à mettre en œuvre ces appels à l’action et a entrepris plusieurs initiatives à cette fin au ministère de l’Éducation. À leur tour, les conseils scolaires publics de l’Ontario, les conseillères et conseillers scolaires, les écoles, le personnel enseignant et les communautés ont commencé à prendre des mesures pour améliorer l’expérience éducative et les résultats scolaires des élèves autochtones. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le Module 20 – En route vers la vérité et la réconciliation.

Le Cadre d’élaboration des politiques de l’Ontario en éducation des Premières Nations, des Métis et des Inuits

Le ministère de l’Éducation a publié le Cadre d’élaboration des politiques de l’Ontario en éducation des Premières Nations, des Métis et des Inuits en 2007. Le Cadre énonçait des objectifs et des stratégies en vue de relever deux grands défis d’ici 2016 : améliorer le rendement des élèves autochtones, et réduire l’écart entre les élèves autochtones et l’ensemble des élèves. Des progrès ont été réalisés dans ces deux domaines, mais le travail se poursuit.

En introduction, les orientations du Cadre étaient décrites comme suit :

« Les stratégies décrites dans le cadre d’élaboration sont fondées sur une approche globale et intégrée de l’amélioration du rendement des élèves autochtones. Les principaux facteurs qui nuisent au rendement des élèves autochtones sont le manque de sensibilisation du personnel enseignant aux styles d’apprentissage particuliers de ces élèves et le manque de compréhension de la culture, de l’histoire et des perspectives des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans les écoles et les conseils scolaires. Les facteurs qui contribuent à la réussite de ces élèves comprennent l’application de stratégies d’enseignement appropriées aux besoins des apprenants autochtones, un programme d’études tenant compte des cultures et des perspectives des Premières Nations, des Métis et des Inuits, des activités efficaces de sensibilisation et de counselling des élèves, et un milieu scolaire qui encourage la participation des élèves et des parents autochtones. Il faut aussi que les éducatrices et éducateurs comprennent le point de vue des Premières Nations sur le système scolaire, un point de vue qui a été fortement affecté par des expériences en pensionnat et qui a créé une méfiance intergénérationnelle du système d’éducation. Il est capital que les élèves des Premières Nations, métis et inuits soient impliqués et se sentent bien accueillis à l’école, et qu’ils se reconnaissent eux-mêmes ainsi que leur culture dans le programme d’études et la communauté scolaire. » (p. 6)

Depuis la publication du Cadre, des conseils scolaires d’un bout à l’autre de la province ont consenti des efforts intensifs et fructueux en vue de parvenir à atteindre ses objectifs. Un Troisième rapport d’étape sur la mise en œuvre du Cadre a été publié en 2018.

CONCLUSION

Les conseillères et conseillers des Premières Nations ont un rôle particulier, celui de travailler dans l’intérêt supérieur des élèves autochtones qui fréquentent les écoles de l’Ontario. Ils ont également un rôle général à titre de membres d’un conseil scolaire, qui consiste à promouvoir le rendement et le bien-être de tous les élèves du district. Leurs collègues du conseil ont aussi des responsabilités à l’égard de toute la population scolaire, y compris les élèves autochtones. Ensemble, ils peuvent travailler pour faire en sorte que les cultures, les histoires, les perspectives et les visions du monde des Premières Nations, des Métis et des Inuits soient pleinement représentées dans les milieux d’enseignement et d’apprentissage de l’ensemble du district, afin d’enrichir l’expérience éducative de tous les élèves.

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